Coopérer à l’école

MARC THIEBAUD et JULIEN RUSS

« Réussir est devenu l’obsession générale dans notre société, et cette réussite est mesurée par notre capacité à l’emporter dans des compétitions permanentes. Il est pourtant clair que la principale performance de chacun est sa capacité à participer à l’intelligence collective, à mettre en sourdine son « je » et à s’insérer dans le « nous », celui-ci étant plus riche que la somme des « je » dans laquelle l’attitude compétitive enferme chacun ; le drame de l’école est d’être contaminée par une attitude de lutte permanente, qui est à l’opposé de sa finalité. »

Albert Jacquard

Des défis multiples

Un des lieux où la coopération est de mise, c’est dans nos écoles. Les élèves ont besoin de développer des dynamiques coopératives dans les classes pendant les cours, comme dans le préau durant les récréations ou sur le chemin de l’école et sur les réseaux sociaux. La coopération n’est pas une branche inscrite au programme au même titre que les maths, le français ou l’histoire, mais elle fait partie des compétences transversales reconnues dans les plans d’étude, à apprendre tout au long du cursus scolaire. On constate que la coopération nécessite une véritable formation qui permette aux élèves d’en acquérir les principes de base et de s’y entrainer.

Face à cet enjeu, les personnes entourant les élèves à l’école ont un rôle exigeant, mais important à jouer, à deux titres au moins : pour contribuer à l’apprentissage de la coopération et pour favoriser le vivre ensemble. Les enseignant.e.s peuvent concevoir leur enseignement avec des pratiques coopératives en petits groupes et donner des outils pour apprendre à mener un travail en équipe. Ils et elles peuvent prendre soin du climat de classe, valoriser au quotidien la coopération et proposer des activités spécifiques à cet effet. Les médiateurs quant à eux peuvent accompagner la résolution de tensions relationnelles entre des camarades d’une même classe. Un.e psychologue scolaire peut accueillir un élève qui a besoin de soutien pour s’impliquer dans la dynamique du groupe. Un éducateur en milieu scolaire peut proposer des activités qui suscitent de la cohésion autour d’un projet commun pour la classe.

Au niveau des adultes, le développement de la coopération est tout aussi important. La cohérence dans l’établissement scolaire est à l’évidence nécessaire, dans ce domaine comme dans d’autres. Les enseignant.e.s, les équipes pédagogiques, les intervenant.e.s spécialisé.e.s peuvent acquérir les ressources pour des collaborations efficaces. La direction d’école peut étoffer sa capacité de travail en équipe et valoriser dans l’école les dynamiques collectives, dans une perspective d’interdépendance qui dépasse des représentations individualistes de l’enseignement qui appartiennent au passé.

Coopérer, ça s’apprend ! Est-ce que l’école peut intégrer cet apprentissage, à l’heure actuelle où elle fait face à tant de problèmes, alors que cela serait tellement nécessaire ? L’idéal serait que la coopération ne soit pas seulement un des défis à relever pour que l’école fonctionne, mais aussi une occasion de transmettre à la jeune génération des compétences et des outils qui les équipent pour leur avenir… et ouvrent des perspectives de solutions nouvelles dont le monde a tant besoin.

Des études, des ressources, des références

De nombreux écrits sont disponibles pour éclairer les pratiques qui peuvent être développées à l’école. Ils concernent les activités à but spécifique d’apprentissage de la coopération par les élèves comme les moyens de contribuer de manière plus générale à l’entraide et à des dynamiques relationnelles positives à l’école.

Pour quelques liens, voir : https://www.cooperer.org/ressources/#ecole

Certains auteurs ont par ailleurs défini les particularités de la coopération dans les apprentissages, en faisant la distinction par rapport à une tâche purement productive.
Voir à ce sujet  : collaborer ou coopérer pour développer des apprentissages ?

En Suisse romande

Chaque canton met à disposition des professionnel.le.s des écoles de nombreuses ressources pour le développement des compétences sociales, de la coopération et du vivre ensemble à l’école (voir : https://www.climatscolaire.ch/adresses).

Une brochure « mieux vivre ensemble à l’école » présente des démarches, des réflexions et des exemples d’activités pratiques regroupées en 16 chapitres (voir https://www.climatscolaire.ch).

Les intervenant.e.s de l’association D’ECOLE (https://decole.ch) proposent des interventions auprès des élèves et des professionnel.le.s de l’école pour construire une dynamique relationnelle positive dans les classe. Ils et elles conduisent des animations dans les classes avec des jeux et défis qui invitent à la coopération, puis suscitent des échanges qui mettent en valeur ce qui vient d’être vécu. Ils et elles transmettent également des outils pratiques aux enseignant.e.s pour soutenir leurs efforts de développement d’une cohésion et d’une entraide dans les classes.

L’association D’ECOLE a conçu de nombreuses activités pour ses interventions et elle utilise entre autres le modèle du tétraèdre de la coopération et les questions proposées pour aider à prendre du recul sur la coopération.

Pour développer des apprentissages : collaborer ou coopérer ?

MARC THIEBAUD

« Quelle est la différence pour toi entre collaborer et coopérer ? » Lorsque je pose la question à des collègues ou des amis, les réponses peuvent être assez diverses, avec une tendance à considérer que la collaboration est une activité un peu moins exigeante et que le terme est réservé au monde du travail. En consultant des écrits sur le sujet, je constate qu’aucun consensus ne se dégage précisément concernant les termes collaboration et coopération. Certains auteurs les différencient clairement et proposent deux niveaux, considérant par exemple que dans la collaboration, toutes les activités sont réalisées en commun et pas nécessairement la coopération. Ou certains distinguent la coopération par le fait qu’elle est réalisée de manière autonome et dans le plaisir de faire ensemble. Alors que pour d’autres auteurs, c’est l’inverse !

Yann vacher dans un récent billet évoque l’idée que dans la collaboration, « c’est le projet commun qui donne la dimension « co » de la collaboration mais pas l’opération de travail conjoint ». Ainsi les personnes peuvent se répartir le travail en fonction des compétences ou centres d’intérêt. Alors que dans la coopération, l’ensemble des acteurs est mobilisé pour concevoir, réguler et finaliser l’œuvre. Eloi Laurent, dans son ouvrage L’impasse collaborative (2018), considère que collaboration et coopération ne sont pas synonymes, notamment parce que « la collaboration est à durée déterminée tandis que la coopération n’a pas d’horizon fini et que la collaboration est une association à objet déterminé, tandis que la coopération est un processus libre de découverte mutuelle. » En ce qui concerne la collaboration / coopération dans les apprentissages, il voit la coopération comme « une quête, vectrice d’apprentissages, de créations », et la collaboration comme limitée à l’accomplissement en commun d’une tâche nécessaire et représenterait un choix utilitariste » (Eloi Laurent, 2018) .

Sylvain Connac et Laurent Reynaud estiment également qu’il est important de faire une distinction similaire. Dans une émission de France Culture du 7 novembre 2022 (https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/etre-et-savoir/collaborer-et-cooperer-a-l-ecole-pourquoi-faire-8412912), ils mettent en évidence comment une activité collective réalisée par des élèves peut être contre-productive pour les apprentissages : dans certaines tâches en sous-groupes dans la classe, les élèves s’organisent pour réussir le plus rapidement possible la tâche (dans un esprit de faire gagner leur équipe) par exemple en la déléguant à l’élève le plus fort, plutôt que de développer un apprentissage en coopération (et donc des compétences de coopération). « Le souci en pédagogie, c’est quand on confond collaboration et coopération. Collaborer c’est travailler ensemble, pour être efficace, on va se répartir le travail en fonction des talents des uns et des autres, la collaboration est donc tournée vers une réalisation commune. Coopérer c’est agir ensemble, il n’y a pas de finalisation d’une production, les désaccords poussent à étayer davantage ses propres idées, c’est intéressant quand on est en difficulté, car cela suppose un soutien mutuel » (Sylvain Connac).

Cette perspective permet de différencier les termes en fonction des buts. Ainsi, dans l’éducation, la coopération vise le développement des apprentissages de chaque élève (individu) via des actions collectives. Celles-ci peuvent prendre différentes formes de pratiques complémentaires : travail en groupe, jeux coopératifs, entraide, tutorat, conseils coopératifs, etc. Il peut s’agir de développer in fine des « classes coopératives ». Sylvain Connac ou Christian Staquet  entre autres relèvent que la conduite de telles classes nécessite un travail à plusieurs niveaux : climat scolaire, mise en œuvre de projets en cohérence au niveau de l’établissement, développement de compétences sociales chez les élèves, séquences de travail et consignes de tâches construites sur des interdépendances, constitution et organisation des sous-groupes d’élèves, dispositifs d’entraide, etc. (voir https://www.cooperer.org/ressources/#ecole pour les références vers des écrits de ces auteurs).

Qu’entend-on par collaborer et coopérer ? Quels usages fait-on de ces termes ?

YANN VACHER

Lors d’un récent échange, un collègue évoquait la demande de collaboration qu’il venait de recevoir en tant que chef de service de la part d’un autre service plus « important ». Il me témoignait de sa crainte qu’il y ait derrière cette demande un processus de fusion / absorption « caché » de son propre service. Sachant que je travaillais sur la coopération, il m’interrogea sur le sens du terme « collaboration ». Je présente ici les éléments que j’ai brièvement partagés oralement avec lui.

Collaborer <-> coopérer

Entre le travail en commun (co labeur) et l’opération en commun (co opération), les différences pourraient paraître peu significatives. Pourtant, les usages de ces mots ont laissé des marques. Dans beaucoup de grandes entreprises, le mot « collaborateur » est apparu il y a une vingtaine d’années pour désigner les acteurs « N-1 » avec qui l’utilisateur du terme travaillait. Dans ce cas, la collaboration comporte une dissymétrie et une dimension hiérarchique : être collaborateur c’est alors « être au service » d’un niveau supérieur. La crainte de mon collègue était liée d’ailleurs au risque de l’instauration d’une verticalité par la demande reçue.

Une deuxième acception du terme de collaboration réside dans la distribution de tâches distinctes à plusieurs acteurs au cœur d’un même projet. C’est dans ce cas le projet commun et unique qui donne la dimension « co » de la collaboration mais pas l’opération de travail conjoint. La répartition du travail, en fonction des compétences ou centres d’intérêt, aboutit à la juxtaposition d’activités qui nécessitent ensuite une coordination pour aboutir à la réalisation du produit final. Si cette tâche est confiée à une personne, à un groupe, à un service ou à un supérieur hiérarchique (N+1)), le processus demeure de la collaboration au sens réduit, le projet / produit qui incarne le « co » le travail (labeur) restant « séparé ».

Si au contraire l’ensemble des acteurs est mobilisé pour concevoir, réguler et finaliser le produit / l’œuvre, on peut alors parler de coopération. Dans cette configuration, toute dissymétrie ou syncrétisme (juxtaposition puis assemblage) disparaît au profit de l’opération en commun. Le collectif est porteur, garant et animateur de la dynamique de production. La coresponsabilité s’édifie autour du sens élaboré et validé collectivement. A noter que ce processus de coopération ne nécessite pas une phase préalable d’activités séparées : un collectif peut très bien se constituer et entamer directement un processus de coopération.

Suite à notre partage, mon collègue en a conclu que dans sa situation, c’est plutôt à une intention négociée de coopération qu’il souhaitait répondre et non à une demande de collaboration telle que décrite dans les deux acceptions.

De multiples angles de vue possibles

Je précise que les définitions que j’ai proposées n’ont pas de statut scientifique, elles cherchent à distinguer pour éclairer les possibles. L’angle de vue qui les sous tend est celui de l’approche organisationnelle et institutionnelle et non celle des processus qui sont au cœur des formes de travail. Une analyse de l’activité rejoindrait probablement l’analyse étymologique pour constater que la différence entre « travail / labeur » (au sens de l’activité et de la tâche réalisée) et « opération » n’est pas significative et que « collaboration » et « coopération » ne se distinguent pas fondamentalement en termes de processus. C’est en partie l’option choisie par Marc Thiébaud et Jürg Bichsel dans leur fascicule « 10 clés pour coopérer ». Ils considèrent que beaucoup de paramètres entrent en jeu et qu’il devient illusoire de définir ainsi deux catégories. Ils retiennent l’aspect de l’intensité de la coopération / collaboration pour faire une distinction par rapport au terme de coordination.

Pour terminer cette brève réflexion, j’ajouterai trois points (qui n’ont pas fait partie de l’échange avec mon collègue) :

La « définition » sommaire du terme « coopération » que j’ai proposée est (en France au moins) potentiellement à l’opposé de celle que l’on retrouve dans une partie de la coopération internationale qui a longtemps été marquée par les logiques colonialistes, avec la dissymétrie qu’elles comportaient.

Il serait aussi possible de différencier les termes à partir d’une analyse socioprofessionnelle comme le fait la psychologie du travail. Le terme « opération » pourrait être relié à une dimension opératoire / processuelle/technique alors que le terme « travail / labeur » renverrait pour sa part à une construction sociohistorique, inscrite dans des champs de tensions politiques, économiques et institutionnels.

Les deux termes ont des valences étymologiques, épistémologiques diverses, des usages culturels ou stratégiques variés. L’utilisation de l’un ou l’autre importe peut-être moins que la nécessité qu’ils soient (re)définis dans un échange entre les interlocuteurs et tout au long du processus initié.

La coopération, un véritable enjeu dans les églises et structures religieuses

MARIE CARAYOL

Le besoin de développement de la coopération et des compétences sociales est présent partout.

Un constat alarmant

D’après les statistiques fournies par le Fuller Institute, George Barna et Pastoral Care Inc. en 2008 :

  • 80% des diplômés du séminaire et des écoles bibliques qui entrent dans le ministère quitteront le ministère dans les cinq premières années.
  • 85% des pasteurs ont déclaré que leur plus gros pro­blème était qu’ils en avaient assez de traiter avec des personnes à problèmes, comme les anciens mécontents, les diacres, les responsables de culte, les équipes de culte, les membres du conseil d’administration, les comi­tés nationaux et les pasteurs associés.
  • 90% ont dit que la chose la plus difficile dans le minis­tère était de traiter avec des gens peu coopératifs.

L’enquête menée par Lucie Bardiau-Huys dans le cadre de sa thèse : « Quitter ou non le ministère pastoral ? Une analyse des motifs et du processus décisionnel » (https://theses.hal.science/tel-00786109) nous éclaire sur plusieurs points.

Elle nous parle notamment de l’ascenseur émotionnel auquel sont soumis les pasteurs et de son impact sur leur état psychique dû entre autres aux attentes jugées « exacerbées » des paroissiens et aux difficultés relationnelles et organisationnelles continues. Combien de responsables d’Église confient être déjà passés plusieurs fois près de tout lâcher à cause de ces facteurs humains complexes et des attentes énormes qui peuvent être les leurs parfois, parce que les paradoxes et injonctions contradictoires sont si forts, parce que parfois le résultat est carrément contre-productif, parce que le « à quoi bon » vient régulièrement gratter à la porte. Parce que l’inconfortable et l’insatisfaction épuisent, parce que la remise en question essouffle, ou encore parce que le déni dévitalise petit à petit…

En ce sens, l’acquisition de nouvelles compétences sociales et d’une posture de facilitateur est une condition pour que le pasteur et les responsables d’Église puissent fonctionner sereinement et sur la durée en s’engageant sur le chemin du changement de paradigmes.

Un ouvrage sur la coopération, issu d’une recherche-action interdisciplinaire

Depuis 2017, forte d’une expérience de 15 années de travail social et de mise en œuvre d’un pouvoir d’agir dans un quartier prioritaire de Strasbourg, j’ai mis mon expérience et mes apprentissages au service d’associations, de collectivités, d’institutions ou de particuliers, confrontés à des changements en interne ou dans l’environnement, à des tensions relationnelles, aux questionnements et pressions liés à des fonctions et places exigeantes, ou encore à des difficultés récurrentes.

Fréquentant divers milieux chrétiens depuis mon enfance, j’ai souhaité en 2020 rassembler des responsables de divers courants protestants et évangéliques pour cheminer ensemble sous un format de recherche action. Nous avons échangé autour des enjeux, joies et défis de la coopération dans ce milieu spécifique. Cela a permis de produire un ouvrage réflexif et pratique (voir : https://altherite.com/ouvrage-collaboratif-presentation). Il est assorti de beaucoup de témoignages de terrain, de ressources stimulantes issues de la sociologie des organisations, de l’élément humain, de la thérapie sociale, de la systémie. Au-delà de ces grilles de lecture, on y trouve de nombreux outils sous forme de questionnements et exercices. Le livre est aussi magnifiquement illustré mélangeant savamment l’artistique et la pédagogie.

On y parle de changement, de posture adéquate et de gouvernance partagée. L’ouvrage montre que coopérer est nécessaire et possible ; cela requiert une intentionnalité et une responsabilité fortes, une conscience de soi aiguisée ainsi qu’une ouverture à l’autre dans l’attente de rencontrer sa richesse. Le livre présente également différentes démarches et méthodes au service de la coopération. En ce sens, il rejoint la mission première de l’Église. Il se construit sur un cheminement spécifique allant de la prise de conscience individuelle à la transformation collective.

De nombreuses églises l’utilisent régulièrement et j’ai la joie de les accompagner sur des enjeux spécifiques liés à la coopération. Celle-ci est nécessaire non seulement pour performer mais surtout pour grandir et se transformer. C’est par des personnes conscientes d’elles-mêmes, de leurs paroles et de leurs actions individuelles et collectives que l’on arrivera à changer le monde.

Formations à la coopération en France

MARC THIEBAUD, SYLVIE GRATALOUP et LAURENCE BESSON

Depuis un an, de nombreuses personnes sont venues en Suisse depuis la France se former avec le coffret de la coopération.

Dès à présent, les formations pourront être assurées en France grâce à Sylvie Grataloup et Laurence Besson.

Une perspective très réjouissante ! 

Vu l’intérêt grandissant pour les clés et outils de la coopération que nous avons développés, nous nous réjouissons de pouvoir bénéficier pour le futur des compétences d’animatrices qui sont en mesure de prendre le relais.

Cette perspective se concrétise dès la fin 2023 avec Sylvie et Laurence qui œuvrent comme facilitatrices en intelligence collective depuis de nombreuses années dans la région de Grenoble, Chambéry et Lyon.

Suite à leurs nombreuses formations (en coaching, facilitation de l’intelligence collective, etc.), elles se sont formées à la coopération avec nous depuis l’été 2022 . Elles font partie du collectif d’animatrices et animateurs que nous accompagnons dans cette aventure de partage des clés et outils de la coopération.

J’ai le plaisir de travailler en continu avec Sylvie et Laurence. Outre leurs qualités humaines exceptionnelles, elles apportent des enrichissements précieux aux développements en cours dans la coopération.

Laurence Besson et Sylvie Grataloup, animatrices :

« Nous avons créé en 2021 un collectif de coachs et facilitatrices en intelligence collective, Cap Vers l’Inclusion, qui a pour objectif de promouvoir l’Inclusion et la Diversité.

Nous abordons cet objectif sous deux angles :

Celui de la lutte contre les discriminations  – qui nous conduit à proposer aux organisations des outils de sensibilisation et formation : atelier sur les stéréotypes, fresque de la Diversité, manager les singularités,…

Et celui de la coopération qui, pour nous, amène à accueillir les spécificités de chacun/chacune.

C’est dans ce cadre, que nous lançons, emplies d’enthousiasme, le déploiement en France, de la formation aux clés et outils du coffret de la coopération.

Profonde gratitude à Marc et Jürg pour leur confiance. »

Pour davantage d’informations

Voir les pages :

Trois livres qui m’ont inspiré dans le développement de la coopération

MARC THIEBAUD

La coopération est plus que jamais nécessaire. Elle est au cœur de la vie et elle est essentielle pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés dans un monde marqué par la concurrence et l’individualisme.

La coopération ne va pas de soi. Elle s’apprend.

Les livres qui en parlent et qui proposent des ressources pour la développer ne sont cependant pas si nombreux.

J’aimerais en évoquer ici trois. Chacun d’eux propose des éléments concrets, utilisables dans toutes sortes de situations. Je les ai lus il y a quelques années déjà et je n’ai jamais oublié leurs apports. Ils m’ont inspiré dans ma pratique de facilitation de la coopération et ils ont souvent aidé les personnes et les équipes que j’ai accompagnées.

1. Les six chapeaux de la réflexion par Edward de Bono (Eyrolles, 2005)

2. Comment réussir une négociation de Roger Fisher et William Ury (avec Bruce Patton ; Seuil, 2006)

3. Du débat au dialogue par Deborah Flick

 

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Développements actuels et à venir

MARC THIEBAUD

A ce jour, environ huit mois après le lancement du coffret de la coopération, une centaine de personnes ont pris part aux journées d’introduction. Des professionnel.le.s de l’animation, de l’accompagnement, de la formation et des responsables d’équipe et d’institution pour l’essentiel.
Cela nous réjouit énormément !

Qu’est-ce que cela signifie pour nous concrètement ?

Des développements multiples

Le second semestre de l’année 2023 sera intense, avec :

  • l’animation des deuxièmes journées de formation expérientielle (pour au moins 50 personnes)
  • les contributions avec toutes les personnes engagées dans des échanges
  • l’accompagnement en lien avec différents projets concrets qui bourgeonnent
  • le développement de nombreux nouveaux outils

Par ailleurs, nous continuons à réunir et concevoir, avec l’aide de plusieurs personnes, des jeux de coopération simples à réaliser et à animer pour divers âges et milieux (entreprise, école, famille, etc.).
Nous visons aussi à proposer des activités pour aider les enseignant.e.s dans le développement du travail coopératif en classe et à les outiller pour cela.
Les développements s’inscrivent dans des coopérations qui se construisent et se renouvellent sans cesse. Une magnifique dynamique !

Des personnes ressources pour les futures formations

Nous nous réjouissons aussi que d’autres personnes puissent à l’avenir prendre le relais et animer des formations en mobilisant les clés et les outils de la coopération.
Cela se concrétisera en France dès la fin 2023 et en Suisse dans le courant de l’année 2024.

Création du coffret de la coopération

MARC THIEBAUD

L’idée de rassembler et partager ce que nous avons appris dans le domaine de la coopération a germé il y a une dizaine d’années.
Cette idée a pris tout d’abord la forme d’un livre. Puis elle évolué vers l’élaboration d’un coffret de la coopération et d’un ensemble d’activités « vivantes ».
Comment s’est faite cette évolution ?

En 2014 : un projet de livre 

Intervenant très souvent en coanimation depuis le début des années 2000, nous avons eu de multiples occasions d’expérimenter, de réguler, d’affiner nos réflexions. Nous avons aussi beaucoup appris des multiples retours des personnes avec lesquelles nous avons collaboré.
Notre souhait devenu de plus en plus clair en 2014 consistait à transmettre ce que nous avons développé comme repères et outils pour faciliter la coopération ainsi que la prise de recul qui manque souvent aux groupes et équipes que nous avons accompagnés.
En 2014, nous avons formulé ainsi notre défi : « Communiquer par l’écrit sur les processus de coopération sans réduire la complexité des phénomènes en jeu représente un défi d’une autre nature que celui rencontré en animation. Comment nos apports, travaillés habituellement dans l’interaction avec les personnes qui nous ont sollicités, peuvent-ils faire sens pour un lecteur. Comment celui-ci pourra-t-il utiliser les repères, les modèles, les outils que nous proposons, dans les réalités qu’il rencontre ? Comment parviendra-t-il à se les approprier, les adapter, les partager avec ses collègues ? L’expérience de cet ouvrage permettra peut-être de répondre à ces questions. »

Nous voulions multiplier les formes de communication possibles dans le cadre de l’écrit en proposant des concepts, des explications, des citations, des images, des outils, des exemples, des checklist, des références, des questions réflexives, etc.
À l’époque, nous n’étions pas certain qu’un livre serait le bon moyen d’atteindre nos buts.
Mais nous nous y sommes mis courageusement en suivant le plan suivant : 1.Notions clés 2.Les dimensions clés de la coopération 3. Des aspects transversaux 4. Complexité des processus de coopération et de leur facilitation 5. Différentes démarches, méthodes et outils

Avec des allers – retours continus entre expérience pratique et travail de modélisation, nous avons peu à peu éclairci notre propos et rédigé les deux premiers chapitres. Le 1er juillet 2015, nous avons présenté à la Biennale de l’éducation au CNAM à Paris une communication, avec un texte d’une quinzaine de pages qui résume notre modèle de la coopération (voir : https://www.cooperer.org/wp-content/uploads/faciliter-cooperation-thiebaud-bichsel.pdf)
Parallèlement, nous avons été de plus en plus impliqués dans des formations durant lesquelles nous avons pu constater à la fois l’intérêt de ce que nous pouvions transmettre et la difficulté de l’entreprise. Nous avons aussi pris plus clairement conscience de l’importance de l’importance de l’expérience dans ces apprentissages.

En 2022 : des ressources pour un apprentissage expérientiel

Ceci nous a conduit progressivement à imaginer d’autres formes qu’un ouvrage écrit. Ainsi, dans les années qui ont suivi, nous avons opté pour, d’une part écrire un fascicule de 32 pages qui présente l’essentiel des clés de la coopération et d’autre part, élaborer des démarches et des outils qui permettent à chacun.e de s’approprier progressivement les repères proposés, par l’expérimentation et des formations de courte durée.
Nous avons ainsi cherché à mettre sous d’autres formes qu’un livre tout ce que nous avons appris et développé durant plus de 15 ans.

En 2020, l’épidémie Covid a porté un coup d’arrêt temporaire à notre projet de transmettre nos acquis… mais nous a permis simultanément de faire mûrir plusieurs idées. Cela a produit en 2022 un coffret de la coopération assorti de ressources dans un espace réservé sur Internet. Le contenu de ce coffret s’est enrichi progressivement. A mesure que nous y travaillions, de nouvelles idées ont pris forme et nous avons ouvert des possibilités non imaginées initialement (création de jeux coopératifs, développement de multiples collaborations, forum à distance, etc.). Nous avons appris le graphisme afin de pouvoir gagner en souplesse dans notre production. Nous avons exploré les moyens offerts par Internet pour mettre à disposition des ressources au fur et à mesure des besoins.

Brièvement dit, le livre conçu au départ s’est transformé en quelque chose de vivant, dynamique, interactif, évolutif. Quelque chose qui a progressivement émergé, en intelligence collective, entre nous et avec toutes les personnes que nous avons accompagnées et avec qui nous avons eu la chance de collaborer.

La réponse à notre question « Comment nos apports peuvent-ils faire sens sous forme écrite pour un lecteur » est devenue de plus en plus claire. Ils ne font sens que dans un processus d’apprentissage expérientiel… les clés, les activités, les outils que nous proposons peuvent simplement catalyser et amplifier ce processus… et le fascicule de 32 pages (un résumé en somme de l’ouvrage prévu) n’en représente qu’une partie (des repères conceptuels) qu’il importe d’inscrire dans le cycle d’apprentissage.