Cartes « Passages et passerelles »

S’exprimer par associations libres

 

Buts et principe général

Animer la coopération, faciliter l’expression

  • Favoriser des associations libres pour parler de soi, de ses ressentis, de ses représentations, en confiance et en toute subjectivité.
  • Catalyser une parole authentique et créative mobilisant la pensée analogique.

Les personnes sont invitées à s’exprimer en lien avec une photo choisie et une question proposée. Par l’entremise de la symbolisation, elles parlent d’elles, de leurs vécus, de leurs perceptions. Leur parole est accueillie dans le collectif sans commentaire.

 

Utilisation

Les cartes « passages et passerelles » peuvent servir notamment à un travail d’inclusion, de partage de représentations ou d’expression des émotions. Etant dépourvues de texte, elles sont utilisables à tout âge. Les questions abordées peuvent être très variées, en lien avec la coopération ou avec d’autres vécus ou situations. Des supports différents que ces photos peuvent être mobilisés de la même manière (voir la méthode 3 et les cartes « couleurs »). On pourra choisir le type de photo en fonction de l’objectif visé (les cartes « passages et passerelles » évoquent plutôt un aspect dynamique, un chemin ou un changement à réaliser).

Il importe d’être clair sur les consignes et sur la question posée pour le partage (voir les exemples proposés dans les pages suivantes) et de préciser qu’on travaille dans l’imaginaire, le créatif et qu’il n’est pas possible de se tromper.

Il s’agit de vérifier l’état de la confiance dans le collectif et de veiller au respect des règles de communication et au choix du moment opportun pour cette activité. Elle requiert en effet de la disponibilité pour s’exprimer, pour s’impliquer et pour écouter ce qui est partagé. L’authenticité, l’ouverture à l’autre, l’accueil de la différence sont essentiels.

Associer librement avec une photo peut surprendre, voire déstabiliser certaines personnes. Il y a donc lieu d’accueillir d’éventuelles craintes ou réactions de résistance, d’en parler, de rappeler que l’expression est libre, de laisser du temps pour se préparer.

Si le but n’est pas de discuter les perceptions exprimées par chaque personne, il est possible de poser des questions de clarification. Par ailleurs, les associations développées par chacun·e peuvent parfois être un point de départ pour identifier des similitudes et différences, élaborer une réflexion collective, un projet, etc.

 

Il est possible d’utiliser l’ensemble des photos ou seulement une partie choisie d’entre elles.
Il n’y a aucun lien entre la photo du recto et celle du verso de la carte.

Suggestions d’activités

 

1. Partage de représentations et de vécus

 

But

Permettre à chaque personne dans un collectif d’exprimer ses ressentis, ses représentation, ses souhaits, par exemple pour explorer la diversités des perceptions.

 

Déroulement

  • Disposer les cartes sur une table ou au sol de manière à ce qu’elles soient facilement visibles pour l’ensemble des personnes.
  • Informer les personnes du but visé, du principe d’associations libres et de la question posée (par exemple : « Qu’est-ce que vous aimeriez dire à propos de votre vécu de notre coopération ? » ou « comment voyez-vous le développement de notre projet ? »).
  • Donner les consignes. Par exemple : « Choisissez la ou les cartes qui décrivent le mieux votre perception de… ». Inviter les personnes à ne pas prendre en main les cartes (d’autres choisiront peut-être la même). Laisser le temps nécessaire.
  • Inviter ensuite les personnes à tour de rôle à prendre les cartes, à les montrer aux autres et à parler. Veiller à ce que chacun·e s’exprime bien sur la question (plutôt que simplement sur la photo) et écoute sans commenter ce qui est dit.

 

Variantes

Cet outil peut être utilisé pour évoquer des vécus à divers moments de vie. Il peut servir à explorer une évolution. Ainsi, on peut proposer aux personnes de parler en utilisant plusieurs cartes et en se référant à différentes étapes de leur vie.

On peut aussi apprécier un changement en demandant aux membres d’un collectif de choisir deux photos, la première répondant à la question : « comment je voyais notre coopération il y un an» et la deuxième : « comment je la vois aujourd’hui ». Les personnes s’expriment tout d’abord à tour de rôle et s’écoutent sans intervenir. Puis la parole est libre pour questionner, demander des compléments d’information, explorer des points de convergence et de divergence.

Les cartes permettent également de s’exprimer en référence à un évolution future : « comment percevez-vous le chemin à venir ? ».

Par ailleurs, on peut parler du contexte vécu : « choisissez une photo qui représente bien l’environnement dans lequel vous vous trouvez actuellement. »

On peut aussi demander de choisir des cartes en commun, ce qui invite à partager les représentations, à échanger, à négocier et à décider ensemble. Par exemple :

  • «  Choisissez une photo qui montre les forces, les atouts de votre collectif et une autre qui montre ses points faibles, ses fragilités. »
  • «  Choisissez une photo pour parler d’un défi à réaliser ensemble cette année. »

On peut aussi susciter une réflexion de chacun·e sur ses ressources et limites en lien avec la coopération : « choisissez une photo qui représente les ressources que vous apportez au collectif et une autre qui symbolise un point d’effort chez vous pour aller vers plus de coopération ». Une trace de ce partage peut être conservée.

Cet outil peut être utilisé pour évoquer des vécus à divers moments de la vie d’un collectif. Il peut aussi servir à explorer une évolution. Ainsi, on peut proposer aux personnes de choisir trois cartes : en lien avec le passé (par exemple, « vécu il y a un an », en lien avec la situation actuelle et en lien avec le futur espéré.

Par ailleurs, on peut parler du contexte vécu : « Choisissez une photo qui représente bien l’environnement dans lequel vous coopérez actuellement. »

On peut aussi demander de choisir des photos en commun, ce qui invite à partager les représentations, à échanger, à négocier et à décider ensemble. Par exemple :

  • « Choisissez la photo qui représente le mieux la situation actuelle du collectif. »
  • «  Choisissez une photo qui montre les forces, les atouts de votre collectif et une autre qui montre ses points faibles, ses fragilités. »
  • «  Choisissez une photo pour parler d’un rêve à réaliser ensemble cette année. »

On peut s’inspirer d’une ou l’autre carte « appréciations » pour formuler la question.

Par ailleurs, il peut être intéressant d’inviter les membres du collectif à s’exprimer, en association avec des photos, sur la coopération vécue non seulement globalement, mais aussi en lien avec ses différentes dimensions (sens partagé, organisation, etc.) ; voir les cartes « questions clés » et « dimensions de coopération ».

 

Exemples

Pour évaluer un changement dans le temps, proposer aux membres du collectif de choisir deux photos, la première répondant à la question : « comment je voyais notre coopération il y une année » et la deuxième : « comment je la vois aujourd’hui ».

Les personnes s’expriment à tour de rôle et s’écoutent sans intervenir dans un premier temps.

Dans un deuxième temps, la parole est libre pour questionner, demander des compléments d’information, essayer d’établir des points de convergence et de divergence

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Pour évoquer l’implication de chacun·e dans un collectif, proposer la consigne suivante : « choisissez une photo qui symbolise bien votre position actuelle au sein de votre collectif. Quelle est votre spécificité, quelles sont vos ressources, vos limites » ?

Les personnes s’expriment à tour de rôle s’écoutent sans intervenir dans un premier temps.

Dans un deuxième temps, la parole est libre pour questionner, demander des compléments d’information, essayer d’établir des points de convergence et de divergence

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Pour mettre des mots sur l’environnement dans lequel vous travaillez, proposer la consigne suivante : « Choisissez une photo qui dans son contexte représente bien l’environnement dans lequel vous êtes amenés à coopérer actuellement ».

Faire s’exprimer les personnes sur les caractéristiques de l’environnement et les liens qu’ils et elles peuvent faire avec leur situation de coopération.

Cet échange peut aboutir à des propositions d’aménagement de l’environnement de travail.

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Pour susciter une réflexion individuelle sur ses ressources et limites en matière de coopération, proposer la consigne suivante : « Choisissez une photo qui représente bien les ressources que vous apportez au collectif et une autre qui symbolise une limite, un point d’effort chez vous pour aller vers plus de coopération. »

Cet échange peut aboutir à des engagements que chacun·e prend devant témoins pour aller vers plus de coopération.

L’ensemble des photos représentant les ressources peut être assemblé, photographié pour garder une trace de ce partage et… être célébré autour d’un bon verre…

 

2. Association avec des aspects symboliques

 

But

Permettre à une personne ou à un collectif de réfléchir à ses ressources, à ses défis, à son avenir, à sa dynamique et à l’évolution de celle-ci. Les photos sont utilisées pour une réflexion qui s’appuie sur des aspects symboliques des passages et passerelles.

 

Déroulement

Il s’agit pour commencer de définir le but visé et la symbolique mobilisée. Si celle-ci renverra peu ou prou à l’idée de déplacement, de mouvement, elle peut en même temps être très variée. En voici quelques exemples.

  • Passage avec chemin de transformation, qui inclut un processus, des étapes et… des épreuves potentielles : il peut y avoir un avant (une fin, un deuil), un pendant (un entre-deux, un intervalle, une transition) et un après (un nouvel état, un renouvellement, une reconstruction d’identité par exemple) ; on peut penser aussi à la mue d’une chenille en papillon ainsi qu’aux rites de passage.
  • Passage et passerelle avec dépassement d’une difficulté, d’un obstacle et affrontement d’un danger : le travail sur la traversée, les ressources, les valeurs qui permettent d’aller vers un « inconnu », de dépasser les hésitations, de ne pas reculer (peut-être qu’il n’est pas possible de revenir en arrière), d’accepter une part de changement (qu’est-ce qui change et qu’est-ce qui ne change pas).
  • Passage et passerelle avec franchissement d’une frontière, d’une ligne : il y a un accès à un « au-delà », à d’autres territoires à découvrir ; on peut penser aussi à l’idée de dépassement ou de transgression, ou encore aux passeurs ; à noter que le passage peut être plus ou moins horizontal et/ou vertical (échelle).
  • Passerelle avec lien, pont entre deux espaces ou réalités : ce qui relie ou peut relier des parties ou côtés opposés au-dessus d’un vide, d’un cours d’eau, etc.; la construction qui permet de joindre, de connecter, de (r)accorder ; la manière de se relier ; les moyens avec lesquels se développent le dialogue et la coopération ou se résolvent des conflits (intérieurs entre différents désirs ou interpersonnels).
  • Passage et passerelle avec lieu de rencontre : un point de jonction (la forme qu’il prend ou peut prendre) ; un croisement, un carrefour, une intersection.
  • Passage et passerelle avec projet à réaliser : les visées, les actions à mener.

L’activité peut se réaliser dans un premier temps personnellement : chaque membre du collectif partage à tour de rôle ses représentations. Puis le collectif peut réfléchir éventuellement en commun et choisir la ou les photos qui correspondent le mieux

 

Variantes

  • On peut proposer de faire l’activité d’emblée collectivement.
  • Il est aussi possible de suggérer de produire en commun, en s’inspirant des photos, un dessin ou une esquisse de passage et/ou passerelle qui représente le collectif.
  • La symbolique du passage et de la passerelle peut par ailleurs être utilisée pour permettre à chaque personne de s’exprimer sur soi (son parcours de vie, son cheminement, les épreuves qu’elle a vécues, etc.).