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Dialogue versus débat selon Deborah Flick : voir et télécharger les 3 pages en PDF

 

Références

Flick, D. (1998). From Debate to Dialogue: Using the Understanding Process to Transform Our Conversations. Orchid Publications

Ellinor, L. & Gerard, G. (1998). Dialogue. Rediscover the transforming power of conversation. John Wiley.

Marchand, M.-E. (2019). Vivre en dialogue à l’ère du texto. Presses de l’Université de Laval.

 

Dialogue versus débat selon Deborah Flick 

 

Buts et principe général

Deborah Flick, parmi d’autres auteurs, propose des repères pour développer une culture du dialogue comme une alternative au débat. Si elle souligne que le processus de discussion « conventionnel » peut être utile dans des buts et des contextes spécifiques (par exemple pour décider rapidement d’un choix entre deux ou trois propositions), elle relève combien l’habitude de chercher à avoir raison en argumentant et en critiquant, sans s’intéresser à comprendre vraiment d’autres points de vue, peut être limitant.

Elle invite à développer la capacité à mobiliser une approche, non de discussion – débat, mais de compréhension qui nourrit une relation de dialogue.

Les avantages sont nombreux. Par exemple :

  • dans une relation individuelle, cette capacité permet de garder le lien avec quelqu’un avec lequel on est en conflit et de communiquer entre personnes qui ont des positions différentes, voire opposées ;
  • dans un collectif, elle donne la possibilité de construire une coopération dans laquelle la diversité est reconnue, une variété de points de vue est explorée et les potentialités créatives sont actualisées de manière optimale ;
  • dans une organisation, cette capacité permet de développer une culture ouverte à explorer les possibilités et à s’adapter à la complexité environnante et aux multiples changements.

Développer un dialogue requiert plusieurs éléments, qui ne sont pas si faciles à mettre en œuvre.
Le premier d’entre eux est sans doute l’écoute empathique. Une écoute active va de pair avec la capacité à suspendre ses idées, son avis pour aller à la rencontre d’autres points de vue. Il importe également que l’on puisse s’exprimer de manière authentique (ce qui nécessite sécurité et confiance) et que l’on soit ouvert.e à explorer, voire questionner ses propres façons de voir les choses.

Si l’on accueille ce que les autres personnes partagent, cela ne signifie pas que l’on est forcément d’accord avec elles. Cela indique que l’on privilégie à un moment donné, dans un contexte spécifique, une pluralité de perspectives, la recherche de compréhension (des autres et de soi) et que l’on va porter son attention à tout ce qui traverse la conversation et qui peut en émerger.

L’aménagement d’un espace de dialogue, la présence d’une personne capable de faciliter le processus et le développement de compétences et de repères s’avèrent souvent utiles, voire nécessaires.

Les principes favorisant le dialogue, comme ceux présents dans une discussion – débat, renvoient à des registres des cartes « communication ». Ces cartes peuvent être utiles pour développer les comportements correspondants à chacune des deux approches.

 

Les principes du dialogue (versus débat) en résumé

  • Ecouter en accueillant tout ce que dit l’autre sans jugement ni interprétation
  • Apporter un reflet, un vécu, sans être dans la réaction ou la critique
  • Etre curieux de ce que l’on peut apprendre, des différents points de vue et perspectives possibles
  • Poser des questions de manière ouverte, pour clarifier et approfondir sa compréhension, s’intéresser au vécu de l’autre sans chercher à mettre en avant ses propres préférences
  • Apporter son point de vue comme un point de vue parmi d’autres, sans chercher à le défendre ou l’imposer ni vouloir montrer les aspects discutables du point de vue de l’autre

Le dialogue vise une compréhension, un apprentissage en commun, habité par l’ouverture sur différentes perspectives.

Le débat vise la défense d’un point de vue, la mise en avant et l’évaluation de « la bonne » perspective.

 

Utilisation

Les repères proposés entre autres par Deborah Flick permettent de réfléchir aux modalités de communication que l’on veut favoriser. Il s’agit de distinguer les situations dans lesquelles le dialogue est indiqué et celles dans lesquelles une discussion – débat est à privilégier.

  • Est-ce que l’on veut communiquer pour explorer la nature d’un problème ou d’un défi auquel on est confronté ?
  • Ou est-ce que l’on veut communiquer pour décider rapidement d’une action à mener ?

Le dialogue valorise une approche divergente, ouvrant sur de multiples perspectives.

La discussion cherche quant à elle une convergence, la définition d’une position ou d’un choix unique.

Si le dialogue est souvent difficile à construire et qu’il est, par exemple dans les réunions, souvent réduit, on constate que les résultats souffrent fréquemment d’un manque d’élargissement de la vision. On pense que l’on n’a pas le temps pour dialoguer. Or le temps que l’on a consacré au dialogue est souvent regagné au moment de la décision, qui est facilitée par la compréhension partagée des enjeux de la situation. Le dialogue procure par ailleurs un sentiment de compréhension mutuelle qui satisfait des besoins humains fondamentaux.

Les habitudes acquises contribuent également à ce que la discussion prenne souvent le dessus.

Tant au niveau individuel que collectif, l’utilisation de repères facilite l’apprentissage et le développement du dialogue. Les cartes « communication » peuvent être utilisées à cet effet.

 

Suggestions d’activités

A) Pour aider la conscientisation du dialogue

On peut utiliser les cartes correspondantes pour apprendre à repérer quand on se trouve dans quelle conversation (discussion ou dialogue). Cela peut se faire dans l’observation d’une communication ou après celle-ci, par un retour réflexif. Il est également possible d’enregistrer un moment de communication pour y revenir ensuite. On peut analyser également la pertinence de l’approche privilégiée et ce qui a fait que nous choisissent l’une ou l’autre (ou que l’on glisse de l’une à l’autre).

Il peut être intéressant d’identifier des préférences, des tendances selon les situations et les personnes avec lesquelles on se trouve.


B) Pour développer le dialogue dans une relation individuelle ou dans un collectif

Il peut être utile de partager et concerter les repères proposés afin de définir des espaces de dialogue dans lesquels on s’efforce de respecter certaines « règles ».

Par exemple :

  • Acceptation : suspendre et éviter les jugements autant que possible
  • Curiosité : écouter, chercher à comprendre plutôt que persuader
  • Sincérité : parler de son expérience, en sachant qu’elle est subjective
  • Exploration : se questionner, aller à la découverte d’autres points de vue

On peut également convenir d’une démarche favorisant la prise et la circulation de la parole dans une approche de dialogue. Avec par exemple un ou deux tours de table pour commencer qui permette(nt) d’écouter chacun.e (voir cooperer.org/demarches, démarche 14).

Ces repères et les cartes « communication correspondantes peuvent aussi servir à une personne chargée de faciliter des conversations dans une approche de dialogue.