Ressources

 

Références bibliographiques

Porter, E.H. (1950). An Introduction to Therapeutic Counseling. Boston: Houghton Mifflin.

Dorra, H. & Millet, G. (1981). Comment mener un entretien individuel. Paris: Dunod.

Guittet, A. (2005). L’entretien. Techniques et pratiques. Paris : Armand Collin.

 

Six attitudes relationnelles selon Elias Porter 

Buts et principe général

Elias Porter s’inscrit sans l’approche humaniste de Carl Rogers avec qui il a collaboré. Les recherches qu’il a menées et le modèle qu’il a élaboré ont pour but de comprendre les effets des différentes attitudes mobilisées dans la communication. Ces travaux l’ont conduit à distinguer six types d’attitude, qui correspondent à des postures relationnelles spécifiques.

Selon Guittet (2005), « l’attitude se définit par une disposition particulière, une intention de comportement dans la relation. Les attitudes représentent des comportements généraux qui intègrent à la fois le non verbal et le discours. Leur maîtrise permet de s’adapter dans la relation et d’analyser un comportement, de situer l’intention d’une intervention. »

Dans les relations d’accompagnement en particulier, E. Porter privilégie la non-directivité, qui facilite le développement d’une écoute empathique. Cette attitude permet de témoigner d’une compréhension de l’expérience vécue par l’autre, sans chercher à conseiller, émettre des avis, suggérer des solutions ou enquêter. Elle est centrée sur la personne. Les autres attitudes sont plus directives, à des degrés divers. Elles exercent davantage d’influence, laissent moins de liberté à l’autre et sont davantage centrées sur l’objet de la communication (par exemple : « donner son avis »).

Porter a par ailleurs développé un questionnaire dont l’objectif consiste à apprendre à différencier ces six types d’attitude et à favoriser la conscience de celles-ci. Il s’est également intéressé à la manière dont les attitudes permettent de se synchroniser avec l’autre.

L’attitude et les comportements de compréhension (écoute active, reformulation) facilitent la communication, de même que la capacité à s’exprimer de manière personnelle, dans un langage proche des interlocuteurs, en veillant à l’équilibre de la prise de parole ; à noter qu’une écoute active est exigeante : elle signifie recevoir l’interlocuteur au niveau et avec l’intention qui sont les siens.

Selon Guittet (2005), « se placer du point de vue de l’autre sans s’identifier à lui, explorer et accepter ses sentiments, son vécu sans le juger, sans lui imposer ses opinions, sont ainsi des attitudes facilitantes. Cependant, l’attitude empathique n’est pas naturelle, elle demande de l’attention, de l’énergie. On ne peut pas être empathique 24 heures sur 24 à moins de nier ses propres émotions, ses propres sentiments. L’empathie n’est donc pas possible à tout moment ».

En fonction des objectifs visés, il s’agit également de mobiliser d’autres attitudes. Par exemple, d’exprimer son point de vue, de questionner pour faire expliciter, etc. Les questions ouvertes (« comment…? », « qu’est-ce que…? » visent à explorer, à obtenir des informations et peuvent aussi servir au partage de la compréhension, tant que cela ne prend pas la forme d’un interrogatoire.

Les six attitudes correspondent à six registres des cartes « communication » (numérotées 7 à 12 ; du plus directif au moins directif). Ces cartes peuvent être utiles pour apprendre à différencier ces attitudes, à les utiliser à bon escient et à observer leur mise en œuvre et leurs effets.

 

Le modèle des six attitudes relationnelles en résumé

(dans un ordre croissant de non-directivité, de liberté donnée à l’autre)

 

Utilisation

On observe certains chevauchements possibles entre ces attitudes. Par exemple, selon la forme de la question (ouverte ou fermée), une enquête sera plus directive qu’une attitude de soutien ou moins directive.

Par ailleurs, lorsque l’on pose une question, on peut manifester différentes attitudes. Ainsi, une question peut induire un conseil (« avez-vous essayé de faire ceci ? »). Elle peut véhiculer un jugement (« quelle idée vous a passé par la tête ? »). Elle peut exprimer une hypothèse de compréhension (« en quoi est-ce que cela ne serait pas plutôt dû à ceci… »). Une question peut se vouloir rassurante (« est-ce vraiment grave ? »). Et elle peut être formulée dans un but de compréhension (« qu’avez-vous ressenti ? »).

Conscientiser les attitudes relationnelles mobilisées a pour intérêt majeur de permettre la compréhension et la recherche des effets qui favorisent la communication. De manière générale, on peut associer certains effets plus ou moins souhaitables à chaque attitude, même si différents facteurs liés à la relation et au contexte peuvent nuancer ces effets. Dans une relation d’aide par exemple, le plus souvent, une attitude plutôt directive peut sécuriser, à court terme ; mais à long terme, elle rend l’autre dépendant.e et ne l’aide pas à développer ses ressources pour gérer ses difficultés et son insécurité.

 

Effets positifs possibles

 

Effets négatifs possibles

 

Ordre
Conseil
Apporte des solutions ou une direction lorsque l’intention est claire et partagée Rend dépendant, empêche une prise de décision autonome
Met en difficulté (conseil non sollicité)
Evaluation

 

Donne des repères Génère un sentiment d’infériorité ou un besoin de se défendre, de se justifier de se cacher
Interprétation

 

Aide à la compréhension
(si l’interprétation est pertinente)
Oriente ; provoque de l’incompréhension et un blocage (si l’interprétation n’est pas pertinente)
Soutien

 

Donne du courage face aux difficultés Surprotège, déresponsabilise
Enquête

 

Favorise l’exploration, notamment dans une perspective d’explicitation et de réflexivité Oriente, donne l’impression d’un interrogatoire
Compréhension

 

Favorise la prise de responsabilité, l’expression authentique, la mobilisation des ressources Donne le sentiment que la personne qui écoute est d’accord et valide ce qui a été dit ou fait

 

Les six attitudes proposées par Porter ne couvrent pas l’ensemble des attitudes possibles. On peut par exemple évoquer le partage de feedback ou le témoignage d’un vécu comme correspondant à un autre type d’attitude (dans la mesure où il ne véhicule pas de conseils, d’évaluation, d’interprétation ou de soutien.

Porter a étudié particulièrement les attitudes dans le cadre d’un entretien (relation interindividuelle). La conscientisation des attitudes dans un entretien permet d’ajuster celles-ci pour favoriser une relation de coopération en fonction des objectifs visés.

Le travail sur les attitudes est utile de même dans l‘accompagnement ou la facilitation d’un groupe ou d’une équipe : il aide à mobiliser une posture appropriée.

 

Suggestions d’activités

A) Pour aider la conscientisation des attitudes mobilisées

On peut utiliser les cartes no 7 à 12 pour apprendre à repérer les attitudes mises en œuvre. Cela peut se faire dans l’observation d’une communication ou après celle-ci, à travers un retour réflexif : « Quelles sont les attitudes relationnelles que j’ai mobilisées à différents moments de l’entretien ? Avec quelle pertinence ? Quelles attitudes est-ce que je privilégierais à tel ou tel moment si c’était à refaire ? »
Il est également possible d’enregistrer un moment de communication pour y revenir ensuite.

L’utilisation des cartes offre de la souplesse dans l’appréciation des attitudes mobilisées, certains comportements pouvant relever de plusieurs attitudes.

Il peut être intéressant d’identifier des préférences, des tendances dans la mise en œuvre de certaines attitudes selon les situations.

Pour favoriser la réflexion sur les effets possibles de chaque attitude, on peut, dans un entretien, demander à l’autre personne un retour sur ses vécus (en lien avec différents moments de l’entretien). Dans le cadre d’une formation, cela peut être fait de manière systématique (par exemple dans un entrainement à l’entretien d’aide). Dans un autre cas, hors formation, le retour peut être demandé à l’issue de l’entretien.

B) Pour préparer et faciliter la conduite d’un entretien

Selon le type et les objectifs de l’entretien, différentes attitudes relationnelles seront mobilisées. Les cartes no 7 à 12 peuvent être utilisées pour préparer l’entretien de manière ajustée.

Dans un entretien d’accompagnement par exemple, on privilégiera l’écoute pour commencer, puis des questions ouvertes. En revanche, dans un entretien visant à remédier à un problème, on utilisera une approche plus directive, en donnant rapidement, une fois le contact établi, son appréciation de la situation afin que les attentes à l’égard de l’autre soient claires… avant de développer soutien et investigation pour aider à la résolution de problème.

 C) Pour accompagner ou animer un groupe ou une équipe

De la même manière, les cartes peuvent être utilisées pour réfléchir à la posture que l’on développe dans un rôle de facilitation. Par exemple, on mobilisera une attitude plutôt non directive concernant les contenus travaillés afin de valoriser les ressources du collectif (en revanche, on pourra être plus directif sur le processus (soutien, recommandations, consignes).