Utilisation

 

L’apprentissage expérientiel est au cœur des processus d’amélioration continue et du développement d’équipe. Il peut prendre la forme d’un dispositif spécifique en lien avec des défis nouveaux et impliquants. Il peut aussi s’inscrire dans d’autres démarches telles que l’évaluation et la régulation des processus collectifs ou l’analyse de pratiques.

Il est également de plus en plus utilisé dans les formations individuelles et en organisation. Le dispositif peut alors être conçu prioritairement dans la logique expérientielle, avec par exemple la mise en œuvre de projets pratiques ou intégrer des temps spécifiques de formation – action.

L’apprentissage expérientiel est un moyen privilégié pour développer la coopération. Les processus de travail collectif font l’objet d’observations et de réflexions qui sont d’autant plus apprenantes qu’elles sont partagées en groupe, modélisées et génératrices d’expérimentations, dans une démarche suivie dans la durée. Cela permet progressivement d’acquérir une capacité de prise de recul sur la manière dont on pense, agit et interagit et de développer une culture d’apprentissage individuel et collectif. À chaque moment de coopération, le cycle expérientiel peut être activé. Il est cependant nécessaire de prendre le temps de nourrir soigneusement chaque phase du cycle. Il est également utile de veiller à passer de l’implicite à l’explicite (et inversement) et de travailler aux niveaux individuel et collectif.

 

Variations

 

Différents moyens peuvent soutenir la démarche. Ils doivent être adaptés à chaque situation : utilisation de grilles d’observation, mobilisation d’observateurs externes, enregistrement filmé de séquence de travail, exercice de mise en situation, tenue d’un journal de bord, réflexions à l’aide de modèles et concepts existants et/ou construits au fur et à mesure, mise en place de nouveaux projets dédiés à l’expérimentation, etc.

 

 

« J’essaie toujours de faire ce que je ne sais pas faire,

c’est ainsi que j’espère apprendre à le faire. »

Pablo Picasso

 

 

Ressources

 

Journal de bord d’apprentissage

Basé sur le cycle d’apprentissage expérientiel, il peut être utilisé par exemple avec les questions clés (cartes bleues).

Voir : Journal de bord d’apprentissage

 

Cycle d’apprentissage expérientiel selon David Kolb

Références

Kolb, D. (1984). Experiential learning: Experience as the source of learning and development. Englewood Cliffs, N.J.: Prentice Hall.

Balleux, A. (2000). Évolution de la notion d’apprentissage expérientiel en éducation des adultes :
vingt-cinq ans de recherche. Revue des sciences de l’éducation, 26(2), 263–286. https://doi.org/10.7202/000123ar

 

Buts et principe général

David Kolb considère l’expérience comme la source de l’apprentissage et un élément clé dans un processus global qui correspond à un cycle qui peut être découpé en quatre étapes :

  • Choisir et vivre une activité (une séance de travail, un exercice, etc.)
  • Développer les observations et réflexions (récolte d’observations – sans évaluation – suivie d’échanges réflexifs)
  • Conceptualiser, mettre en perspective, généraliser (synthèse et modélisation, qui peut s’appuyer ou non sur des concepts)
  • Mettre en application (élaboration de nouvelles idées pour la pratique future –> expérimentation)

Dans cette perspective, si l’expérience joue un rôle essentiel dans l’apprentissage, elle ne suffit pas, individu ou un collectif développe ses compétences à partir de l’expérience lorsqu’il se donne les moyens de récolter des observations sur ses activités et d’y réfléchir (idéalement avec d’autres personnes) puis de modéliser ce qu’il en ressort et d’expérimenter dans l’action. Toutes les étapes sont nécessaires, chacune d’entre elles alimente la suivante. Il est possible de suivre le cycle depuis n’importe quel point d’entrée.

Les organisations reconnaissent de plus en plus ce processus comme nécessaire pour le développement des compétences des responsables par exemple, qui sont confrontés de manière récurrente à de nouveaux défis. Elle favorise ainsi des espaces d’accompagnement et de réflexion en lien avec la pratique et les réalités professionnelles. Dans la formation également, on tend à activer ce cycle d’apprentissage en intégrant l’expérience des apprenants et en leur proposant des mises en situations et en actions.

Chaque étape du cycle mobilise des activités qui peuvent être mises en correspondance avec des registres des cartes « communication ».

 

Le cycle d’apprentissage expérientiel en résumé

L’attention portée à l’expérience vécue permet de problématiser et de formuler des hypothèses de compréhension. L’analyse se développe dans un premier temps sur les éléments concrets vécus, puis dans un deuxième temps dans une perspective plus conceptuelle (métaréflexion). Dans l’étape d’expérimentation, les éléments de compréhension développés peuvent par exemple être testés selon une démarche qui peut être plus ou moins planifiée.

 

Utilisation

L’apprentissage de démarches et compétences complexes telles que la coopération, la mobilisation de changements, le développement projet, etc. gagnent à s’inscrire dans le cycle expérientiel. On peut en distinguer deux formes principales :

1)
Dans le quotidien, sur le terrain : chaque jour nous donne l’occasion de nombreuses expériences de coopération ; il s’agit dès lors de pouvoir développer la réflexion sur l’expérience, idéalement, avec les personnes avec lesquelles se déploie la coopération ; à cet effet, il est nécessaire de prévoir des temps dédiés et il peut être utile de s’appuyer sur des grilles de lecture par exemple ;

2)
Dans un temps prévu spécifiquement pour la formation : des activités telles que les jeux de rôle, les jeux coopératifs, les mises en situation, des entraînements pratiques, etc. permettent d’initier ou d’activer le cycle d’apprentissage.

David Kolb a par ailleurs étudié la manière dont les personnes s’investissent dans chaque étape du cycle. Il a observé que chaque personne éprouve certaines préférences. Il en a déduit quatre styles d’apprentissage :

Divergent : préfère l’expérimentation et la réflexion sur cette expérimentation ; apprécie apprendre par l’expérience, est intéressé.e par les gens.

Assimilateur : préfère l’observation réfléchie de l’expérience et sa conceptualisation ; aime créer des modèles théoriques, est intéressé.e particulièrement par les idées et les concepts.

Convergent : préfère la conceptualisation et la possibilité d’expérimenter ; apprécie la résolution de problème et les applications pratiques d’idées.

Accommodateur : préfère la construction d’hypothèses et l’expérimentation de ces hypothèses ; utilise les « essais et erreurs » pour résoudre un problème (plutôt qu’élaborer un plan) ;  est à l’aise avec les autres.

Sur cette base, différents travaux ont été menés pour élaborer un questionnaire sur les préférences de style d’apprentissage et pour développer l’efficacité et l’individualisation des pratiques de formation
(pour davantage de détails, voir : https://wiki.teluq.ca/wikitedia/index.php/Apprentissage_exp%C3%A9rientiel).


Suggestions d’activités

Une personne seule peut vivre les quatre étapes du cycle, mais cet apprentissage sera plus riche si l’expérience est vécue collectivement, de manière à ce qu’un partage enrichisse la réflexion, la conceptualisation et l’expérimentation active.

Pour aider l’étape d’observation réfléchie

Selon le contexte, il peut être intéressant de mobiliser des ressources spécifiques. Par exemple, on peut filmer le temps d’activité afin de développer ensuite des observations et réflexions plus fines. On peut également donner un rôle d’observation à des personnes choisies, qui pourront ensuite, mettre en commun ce qu’elles ont observé. Ainsi, dans une formation, on peut prévoir deux sous-groupes dans des rôles distincts (qui pourront être échangés pour une autre activité).